Les stigmates de la liberté
Contexte historique
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La France coloniale a imposé sa langue, son école, son droit, sa religion et même sa vision du savoir aux Algériens.
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Pendant plus d’un siècle, les savoirs traditionnels (médicinaux, agricoles, artisanaux) ont été dévalorisés, humiliés, voire interdits.
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L’idée inculquée : « Ce que vous savez n’a pas de valeur. Le vrai savoir, c’est le nôtre ».
La blessure et ses séquelles
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Beaucoup d’Algériens ont intériorisé cette humiliation : pour être reconnu, il fallait maîtriser le savoir du colonisateur, parler sa langue, suivre ses méthodes.
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Le savoir local s’est replié, parfois même caché, car le partager signifiait risquer moquerie ou mépris.
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Résultat : une culture du secret et de la méfiance s’est installée, où partager pouvait être vu comme s’exposer à l’humiliation.
La reproduction du schéma
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Après l’indépendance, certains ont reproduit le réflexe du colonisateur, mais à l’intérieur de leur propre société :
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garder pour soi les recettes de réussite,
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se montrer supérieur en parlant français ou en maîtrisant un savoir rare,
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protéger son petit capital culturel comme une arme de distinction.
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C’est une sorte de « colonisation intérieure » : on répète entre nous le même mécanisme qui nous a été imposé.
👉 Autrement dit : le colonisateur a instauré la rareté et la hiérarchie du savoir ; le colonisé, parfois malgré lui, perpétue ce même modèle à l’intérieur de sa communauté.
Par analogie...
Le rôle des multinationales du cyberespace
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Comme la France en Algérie, elles imposent leur langue et leurs règles : protocoles propriétaires, interfaces fermées, licences restrictives.
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Elles font croire que le vrai savoir, la vraie innovation est chez elles (Google, Microsoft, Meta, Amazon…), et que les autres ne sont que des suiveurs.
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Elles s’approprient même les données et les savoir-faire locaux, exactement comme les colons prenaient les ressources naturelles.
La dépendance créée
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Les peuples (ou les usagers) finissent par croire qu’ils n’ont pas le choix : pour communiquer, pour travailler, pour apprendre, il faut passer par ces multinationales.
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Comme l’Algérien colonisé devait apprendre le français pour exister, aujourd’hui le citoyen doit apprendre à dépendre des services de ces plateformes pour être « moderne ».
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Résultat : un sentiment d’infériorité numérique — « nous, on ne peut pas rivaliser ».
La rétention du savoir
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Les multinationales gardent jalousement leurs algorithmes, secrets de fabrication, brevets.
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Elles cultivent l’envie : « regarde ce que nous avons (IA, clouds géants, applis sexy) et que vous n’aurez jamais ».
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Et comme dans le colonialisme, ça crée un marché captif : les dominés consomment sans jamais devenir producteurs.
Le miroir avec les sociétés colonisées
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Le monde entier est aujourd’hui dans la position de l’Algérie colonisée : dépossédé de ses savoirs, dépendant, contraint d’adopter la langue et les outils du colonisateur numérique.
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Les multinationales, elles, rejouent la France coloniale : elles se présentent comme civilisatrices tout en exploitant.
👉 Donc, les GAFAM et consorts sont aux peuples du monde ce que la France coloniale a été à l’Algérie : des maîtres du savoir imposé, qui transforment la dépendance en normalité et cultivent l’envie comme ciment de leur domination.
Un réajustement planétaire
La « droite » comme réflexe défensif
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Dans un monde perçu comme incertain (guerres, climat, immigration, économie chancelante), beaucoup de peuples cherchent un cadre sécurisant.
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La droite promet généralement :
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ordre,
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frontières solides,
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traditions stables,
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autorité claire.
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Ça rassure les majorités inquiètes, même si ça peut réduire les libertés individuelles.
Un phénomène mondial
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On le voit en Europe (Italie, France, Hongrie, Pologne, Pays-Bas), en Amérique (Trump aux États-Unis, Bolsonaro au Brésil, Milei en Argentine), en Asie (Inde de Modi, Turquie d’Erdogan), et même au Canada avec une montée des discours conservateurs.
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Ce n’est pas isolé : c’est un mouvement global, nourri par la peur et l’impression de perte de contrôle.
Le paradoxe
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Plus le monde se globalise (cyberespace, commerce, climat), plus les nations se replient sur elles-mêmes.
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C’est comme un réflexe de survie : « Puisqu’on ne contrôle pas le grand système, au moins resserrons les rangs chez nous ».
Le risque
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Si toutes les nations glissent vers la droite en même temps, on peut basculer vers un monde plus autoritaire et compétitif, avec moins de coopération internationale.
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Ce qui est inquiétant, car les grands défis (climat, cybersécurité, migrations, énergie) nécessitent au contraire plus de collaboration.
👉 Les peuples se crispent avant de réinventer un nouvel équilibre.
Quand le logiciel libre devient un choix stratégique
1. L’indépendance politique vs l’indépendance numérique
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L’Algérie a dû reprendre sa souveraineté après un siècle d’humiliation et de dépendance.
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De la même manière, les peuples d’aujourd’hui doivent reprendre leur souveraineté numérique face aux multinationales du cyberespace.
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La clé, dans les deux cas : ne plus dépendre d’un maître extérieur pour exister et décider.
2. Le logiciel libre comme arme de libération
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Comme un peuple qui réapprend ses savoirs traditionnels après la colonisation, le logiciel libre redonne accès au code source, aux recettes, aux méthodes.
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Tout le monde peut voir, comprendre, adapter, transmettre.
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Le secret, qui était l’outil de domination des multinationales, devient savoir partagé.
3. La souveraineté numérique comme dignité retrouvée
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L’indépendance n’est pas seulement l’absence de colonisateur, c’est aussi la capacité de dire : « nous avons nos propres institutions, nos propres langues, nos propres outils ».
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Dans le numérique, ça veut dire :
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nos propres clouds,
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nos propres protocoles ouverts,
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nos propres communautés de développeurs.
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Bref, une économie et une culture numériques enracinées localement.
4. Le rôle de la communauté
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L’indépendance algérienne n’a pas été le fait d’un seul homme, mais d’un peuple qui s’est levé.
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De même, la libération numérique ne se fera pas par une startup miracle, mais par un mouvement collectif : libristes, hackers, citoyens, institutions locales.
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Le logiciel libre est en ce sens une sympoïèse : chacun contribue, et ensemble on construit quelque chose qui dépasse nos forces individuelles.
5. L’envie remplacée par la fierté
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Là où le colonisateur et la multinationale cultivent l’envie (« tu n’auras jamais ce que nous avons »),
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le logiciel libre cultive la fierté collective : « regarde, ce que nous avons bâti ensemble, et que tu peux rejoindre sans barrières ».
👉 En résumé :
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Colonisation numérique = domination par le secret et la dépendance.
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Libération numérique = émancipation par le partage et l’autonomie.
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Le logiciel libre, c’est notre équivalent de l’indépendance : il redonne aux peuples leur dignité et leur capacité d’agir.
Veux-tu que je te forge un petit manifeste en style décolonial, mais appliqué au numérique, que tu pourrais brandir comme texte fondateur de ta vision Chezlepro ?
Et les données en transit ?
Le simple fait de les faire transiter par l’Internet expose aussi des risques.
Lois et doctrines en jeu
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CLOUD Act (2018) → couvre les données stockées chez les GAFAM.
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FISA 702 (Foreign Intelligence Surveillance Act) → couvre l’interception de données en transit dès qu’elles passent par une infrastructure soumise à la juridiction américaine.
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Patriot Act (2001, toujours en vigueur sous diverses formes) → donne aussi des pouvoirs étendus de surveillance des flux.
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Five Eyes (USA, UK, Canada, Australie, NZ) → coopération de renseignement massive, qui inclut l’interception des communications internationales.
👉 Donc : toute donnée qui passe par un routeur, câble ou nœud contrôlé par un acteur US ou allié peut être interceptée légalement (ou illégalement, mais en toute impunité).
Réalités techniques
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Câbles sous-marins : la majorité du trafic Internet mondial transite encore par des câbles contrôlés par des consortiums occidentaux → points d’écoute stratégiques.
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IXP (Internet Exchange Points) : beaucoup de trafic transite par des hubs situés aux États-Unis (New York, Washington, etc.) même si l’émetteur et le destinataire sont ailleurs.
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Backbone opérateurs : Cisco, Juniper, Nokia, Huawei → matériel pouvant être exploité pour l’interception (cf. Snowden/NSA).
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DNS & TLS : même avec HTTPS, des métadonnées (qui communique avec qui, quand, combien de données) restent visibles et exploitables.
Risques principaux
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Interception massive (type PRISM/NSA) → collecte de tout ce qui passe, analyse ultérieure.
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Profilage → pas besoin du contenu pour identifier : qui parle avec qui, à quelle fréquence, depuis où.
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Altération (plus rare mais possible) → injection de faux paquets, redirection, man-in-the-middle.
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Extraterritorialité → si ton courriel Québec ↔ Québec transite par un serveur aux USA, il tombe sous juridiction américaine.
Parades
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Chiffrement fort : TLS, VPN, SSH → indispensable. Mais ça ne masque pas les métadonnées.
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Routing local : utiliser des FAI qui privilégient le trafic intra-Québec/Canada (ex. QIX, TORIX, etc.).
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DNS souverain : éviter que les requêtes DNS passent par Google DNS (8.8.8.8) ou Cloudflare (1.1.1.1), qui sont soumis aux lois US.
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Fédération locale : Nextcloud, Mastodon, courriels auto-hébergés → limite le besoin de transiter hors frontières.
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Chiffrement de bout en bout : pour messagerie (Signal, Matrix), pour fichiers (Cryptomator, age/gpg).
👉 En résumé :
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Les données en transit sont aussi exposées que celles au repos : elles peuvent être interceptées dès qu’elles passent par une infrastructure US ou alliée.
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Le risque n’est pas seulement le vol de contenu, mais aussi le profilage massif.
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La seule réponse solide : chiffrement partout + routage local + infrastructures souveraines.