Anti-intox express sur 3I/ATLAS

Faits vérifiables et pourquoi les rumeurs partent en vrille.

Les FAITS (courts et sûrs)

  • Qu’est-ce que c’est ? Une comète interstellaire (la 3ᵉ jamais confirmée), découverte le 1ᵉʳ juillet 2025 par le réseau ATLAS. Désignation : C/2025 N1 (ATLAS) = 3I/ATLAS. (NASA Science)

  • Trajectoire & risque :Aucun danger pour la Terre. Passage au plus près du Soleil vers le 29–30 octobre 2025 (~1.36–1.4 UA), et plus près de la Terre à ~1.8 UA en décembre 2025 (≈ 270 millions km). Elle repartira ensuite vers l’espace interstellaire. (NASA Science)

  • Activité “inhabituelle” mais naturelle : Détection d’eau (OH en UV) avec le satellite Swift, à un débit autour de ~40 kg/s alors qu’elle était encore loin du Soleil. C’est précisément mesuré et publié (préprint et communiqués). (arXiv)

  • Visibilité : Elle restera faible (télescope requis). Pas d’objet spectaculaire à l’œil nu. (Les sources pro ne promettent pas de grand show.) (Planetary Society)


Les INTOX fréquentes… et la réalité

  1. “Elle va frôler/heurter la Terre.”
    Faux. Les distances minimales annoncées par NASA/Planetary Society sont très larges (1.8 UA à l’approche Terre), bien au-delà de tout risque. (NASA Science)

  2. “C’est un vaisseau/sonde extraterrestre.”
    Non. Les images et spectres sont cométaires (poussières, glace, gaz). L’eau détectée en UV (OH) est un marqueur standard de sublimation; rien d’artificiel là-dedans. (arXiv)

  3. “Elle va devenir très brillante (œil nu).”
    Très improbable. Les meilleures prévisions grand public sérieuses (Planetary Society) ne promettent pas de visibilité à l’œil nu. (Planetary Society)

  4. “Elle change de couleur / ‘s’allume’ / n’a pas de queue donc c’est suspect.”
    Les variations de couleur viennent des gaz (CN, C₂, etc.) et des grains de glace/poussière qui diffusent la lumière différemment en s’approchant du Soleil. L’absence ou la faible longueur de queue peut arriver selon géométrie, production de poussière, et illumination. Rien d’“anti-physique”. Les papiers et communiqués scientifiques décrivent au contraire une chimie cométaire normale… avec la particularité d’avoir de l’eau détectable loin du Soleil. Méfie-toi des tabloïds. (Phys.org)

  5. “Sa taille est monstrueuse / record absolu, panique !”
    Les estimations de taille restent des estimations (évolution des contraintes avec de meilleures données). La presse sérieuse parle d’un noyau de quelques km d’ordre de grandeur, ce qui est classique pour une comète, pas un “tueur de planètes”. (Live Science)


Pourquoi autant de faussetés circulent ?

  • Algorithmes & incitations : le sensationnalisme clique mieux que “aucun danger, données en cours”.

  • Confusion des désignations : “ATLAS” a déjà nommé d’autres comètes (p. ex. C/2019 Y4 (ATLAS) qui s’est désintégrée). Les vidéastes mélangent souvent.

  • Mauvaise lecture des préprints : des travaux préliminaires (arXiv) sont cités hors contexte, ou interprétés comme des “révélations choc”. (arXiv)

  • Biais d’ancrage : après ’Oumuamua, certains veulent revoir un “objet artificiel”. Les données actuelles ne vont pas dans ce sens. (SETI Institute)


Sources fiables à consulter (récentes)

  • NASA – page dédiée (trajet, distances, calendrier) (NASA Science)

  • Planetary Society – fiche pédagogique (proche Terre/Jupiter, visibilité) (Planetary Society)

  • Préprint arXiv – détection d’eau (OH) par Swift (détails techniques) (arXiv)

  • Phys.org / WIRED – vulgarisation sérieuse sur l’eau détectée loin du Soleil (Phys.org)