Lettre ouverte à l’imbécile stratégique
Cher stratège du dimanche,
Te voilà, brandissant ton bulletin de vote comme un trophée de lucidité.
Tu crois avoir tout compris : le "moindre mal", le "vote utile", la "responsabilité citoyenne".
Pauvre cloche.
Tu ne votes pas. Tu calcules ta capitulation.
Ton vote stratégique n'est pas un acte d'intelligence, c'est un abandon déguisé en vertu.
Tu te prends pour un joueur d’échecs alors que tu es juste un pion bien dressé.
Crois-tu vraiment que voter CONTRE est une manière de construire quelque chose ?
Crois-tu vraiment que miser sur la peur est une preuve de maturité ?
Non. C’est de la lâcheté.
Voter stratégique, c’est croire que trahir tes propres idées va, par magie, les rapprocher du pouvoir.
C’est croire que, en donnant raison aux salauds, tu vas leur faire honte.
Spoiler : ils n'ont pas honte.
Ils n'ont jamais honte.
Ils se torchent avec ton bulletin stratégique.
Et toi, pendant ce temps, tu t’applaudis d'avoir "empêché le pire", en oubliant que le pire, c'est précisément de devoir choisir entre deux horreurs.
Bravo, champion.
À force de voter stratégique, tu as transformé l’élection en mascarade.
Plus personne n’ose voter pour ce qu’il veut vraiment.
Plus personne n’ose rêver d’autre chose.
À cause de toi.
Chaque fois que tu votes stratégique, tu confortes la machine dans son cynisme.
Tu lui dis : « Continue à me faire peur. Continue à m’enfermer. Je ne saurai jamais m’en libérer. »
Et tu oses parler de lucidité ?
Ce n’est pas de la lucidité.
C’est du désespoir en cravate.
Alors la prochaine fois que tu te présenteras, fier comme Artaban, pour voter « stratégiquement », rappelle-toi ceci :
Tu n’es pas en train de changer le monde.
Tu es en train de prouver que tu mérites parfaitement la cage qu'on t'a fabriquée.
Cordialement,
Un citoyen qui refuse de baisser son froc