🎭 Les Trente Honteuses : Autopsie d’une trahison
Les Trente Glorieuses (1945–1975) furent l’âge d’or de la social-démocratie. Une époque où l’État assumait son rôle protecteur, où l’économie servait le bien commun, et où les citoyens — même modestes — accédaient à la dignité.
Mais cette ère de progrès ne pouvait convenir aux puissances tapies dans l’ombre. Le néolibéralisme naquit non pas comme une solution, mais comme une revanche. Une revanche des élites économiques contre les conquêtes populaires.
🩸 Les Trente Honteuses (1980–2010)
L’âge noir du capital débridé.
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Démantèlement méthodique de l’État-providence, accusé d’être "inefficace".
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Privatisations à la chaîne — bradant le bien commun pour enrichir les copains.
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Criminalisation implicite de la solidarité : syndicalistes, fonctionnaires et bénéficiaires sociaux devenus suspects.
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Dette publique instrumentalisée pour justifier les coupes — alors même que les cadeaux fiscaux l’avaient creusée.
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Culte de l’individu performant, du marché-roi, du "chacun pour soi".
🧠 Le mensonge fondateur
Les néolibéraux ont présenté la fin des Trente Glorieuses comme la preuve de l’échec du modèle social. En réalité :
Ce n’est pas le modèle social qui a échoué. Ce sont ceux qui l’ont saboté qui ont ensuite feint de vouloir le réparer.
Ils ont inversé la charge : la dette ? Ce serait la faute des pauvres, pas des banquiers. L’inefficacité ? Celle des services publics, pas des multinationales exonérées. La crise ? Le résultat d’un excès d’État, pas d’un excès de spéculation.
⚖️ Que justice soit faite
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Que l'on nomme les Trente Honteuses pour ce qu’elles furent : une période de régression organisée.
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Que l’on réhabilite la social-démocratie, non comme un vieux rêve dépassé, mais comme la preuve historique que le progrès partagé est possible.
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Que l’on arrête de se prosterner devant ceux qui détruisent, en appelant cela de la rigueur.
💥 Appel à la lucidité
Assez d'amnésie. Assez de boucs émissaires. Assez de mensonges.
Le temps est venu de retirer le masque aux faux sauveurs. Ce ne sont pas les rêveurs qui ruinent les nations, ce sont les cupides. Et ils veulent que l’on regarde ailleurs.
Oui, on peut tout à fait défendre l'idée que la social-démocratie québécoise a été en partie rendue bouc émissaire de la fin des Trente Glorieuses — surtout à partir des années 1980 — par ceux qui voulaient faire reculer l'État-providence, affaiblir les syndicats et promouvoir le néolibéralisme.
📌 Contexte québécois : essor pendant les Trente Glorieuses
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Révolution tranquille (années 1960) : mise en place d’institutions publiques fortes, étatisation de l’électricité (Hydro-Québec), création de la Caisse de dépôt, du réseau public de santé et d’éducation, etc.
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Montée du syndicalisme : force vive du changement social, négociations collectives dans le secteur public.
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État stratège : investissements massifs, nationalisme économique, développement régional, soutien à la culture.
⚠️ Après 1975 : basculement et responsabilisation idéologique
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Crise économique → ralentissement de la croissance, déficits publics → recherche de coupables.
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Discours néolibéral importé : les dépenses sociales et les services publics sont accusés d’être la cause de l’endettement.
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Les syndicats et la fonction publique deviennent des cibles faciles, perçus comme "privilégiés" par certains segments de la population.
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Remise en question du modèle québécois : le mot "gras dur" fait son apparition, et l'idée que « le modèle est insoutenable » gagne du terrain.
🧠 Analyse : un glissement de paradigme
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Avant : l’État est vu comme un outil d’émancipation collective.
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Après : il est vu par certains comme un frein à l’initiative, à l’efficacité et à la "liberté économique".
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La social-démocratie devient le bouc émissaire symbolique des problèmes structurels créés ailleurs : mondialisation, désindustrialisation, spéculation financière, etc.
💡 Conclusion
Oui, la social-démocratie québécoise a été accusée à tort d’avoir causé les maux qu’elle tentait justement d’amortir. Au lieu d’être célébrée pour sa résilience, elle a parfois été tenue responsable de la fin d’un âge d’or qui tenait à des facteurs bien plus larges et souvent exogènes.