Les Trente Glorieuses désignent la période de forte croissance économique, sociale et technologique qu'ont connue la plupart des pays industrialisés (notamment en Europe de l'Ouest, au Japon et en Amérique du Nord) entre 1945 et 1975. Le terme a été popularisé par l’économiste français Jean Fourastié dans son livre "Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible de 1946 à 1975".
🔧 Caractéristiques principales
📈 Croissance économique rapide
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Taux de croissance annuel moyen autour de 5 % dans plusieurs pays occidentaux.
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Explosion de la production industrielle et de la consommation.
🛠 Plein emploi
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Faible taux de chômage.
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Forte demande de main-d'œuvre (y compris immigration).
🏡 Élévation du niveau de vie
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Accès massif aux biens de consommation : électroménager, automobile, télévision.
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Développement des classes moyennes.
🏛 Interventions de l’État
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État providence renforcé (sécurité sociale, éducation, retraites).
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Politiques keynésiennes (relance par la demande).
🚂 Infrastructures modernisées
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Reconstruction après-guerre (notamment en Europe).
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Développement des transports, du logement, de l'énergie.
🌍 Contexte international
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Plan Marshall (aide des États-Unis à la reconstruction de l'Europe).
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Guerre froide : compétition technologique et industrielle.
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Décolonisation : nouveau rôle économique pour les anciennes puissances coloniales.
🔚 Fin des Trente Glorieuses
À partir de 1973-1975, plusieurs crises marquent un tournant :
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Choc pétrolier (1973) : flambée des prix du pétrole → inflation + récession.
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Stagflation : combinaison inédite de stagnation économique et d'inflation.
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Début du chômage de masse, montée du néolibéralisme.
💭 Héritage
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Nostalgie d’une époque de progrès et de sécurité sociale.
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Référence fréquente dans les débats sur le modèle économique à suivre.
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Certains considèrent qu'on n’a jamais retrouvé une période aussi prospère depuis.
La social-démocratie québécoise a été en partie rendue bouc émissaire de la fin des Trente Glorieuses — surtout à partir des années 1980 — par ceux qui voulaient faire reculer l'État-providence, affaiblir les syndicats et promouvoir le néolibéralisme.
📌 Contexte québécois : essor pendant les Trente Glorieuses
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Révolution tranquille (années 1960) : mise en place d’institutions publiques fortes, étatisation de l’électricité (Hydro-Québec), création de la Caisse de dépôt, du réseau public de santé et d’éducation, etc.
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Montée du syndicalisme : force vive du changement social, négociations collectives dans le secteur public.
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État stratège : investissements massifs, nationalisme économique, développement régional, soutien à la culture.
⚠️ Après 1975 : basculement et responsabilisation idéologique
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Crise économique → ralentissement de la croissance, déficits publics → recherche de coupables.
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Discours néolibéral importé : les dépenses sociales et les services publics sont accusés d’être la cause de l’endettement.
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Les syndicats et la fonction publique deviennent des cibles faciles, perçus comme "privilégiés" par certains segments de la population.
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Remise en question du modèle québécois : le mot "gras dur" fait son apparition, et l'idée que « le modèle est insoutenable » gagne du terrain.
🧠 Analyse : un glissement de paradigme
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Avant : l’État est vu comme un outil d’émancipation collective.
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Après : il est vu par certains comme un frein à l’initiative, à l’efficacité et à la "liberté économique".
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La social-démocratie devient le bouc émissaire symbolique des problèmes structurels créés ailleurs : mondialisation, désindustrialisation, spéculation financière, etc.
💡 Conclusion
Oui, la social-démocratie québécoise a été accusée à tort d’avoir causé les maux qu’elle tentait justement d’amortir. Au lieu d’être célébrée pour sa résilience, elle a parfois été tenue responsable de la fin d’un âge d’or qui tenait à des facteurs bien plus larges et souvent exogènes.