Dans le cyberespace, les  frontières étatiques  sont souvent contournées, voire  désavouées  par les structures de pouvoir qui y opèrent.

Un point essentiel et profondément actuel

Quelques constats :


Le cyberespace n’est pas un territoire classique

Contrairement au sol, à la mer ou à l’espace aérien, le cyberespace n’a  ni géographie physique , ni limites naturelles. Les données voyagent par des câbles, des ondes, des satellites… peu importe leur origine ou destination.


Les grandes puissances numériques imposent leurs lois

Des géants comme Google, Amazon, Facebook, Apple ou Microsoft — tous  ancrés aux États-Unis  —  imposent leurs normes, leurs contrats, leurs règles  aux utilisateurs du monde entier, y compris aux États.

Exemple :  Les données hébergées dans Microsoft Azure au Canada peuvent être soumises à la loi américaine FISA via le  Cloud Act .


Les États tentent de reprendre le contrôle

Certains pays ont commencé à réagir :

  • La Chine  cloisonne son Internet national (le "Grand Firewall").

  • La Russie  développe un Internet souverain (Runet).

  • L’Union européenne  impose le  RGPD  et cherche à créer une  souveraineté numérique européenne .

  • Le Québec , lui, reste dépendant des infrastructures dominantes, malgré quelques efforts localisés (ex : SAAQclic, MonDossier Santé).


Le droit est en retard

Les outils juridiques pour défendre la souveraineté numérique sont encore  fragmentés lents , et souvent inefficaces face à la rapidité des technologies numériques.

Un simple cookie peut transférer tes données à des entités situées à l’autre bout du monde sans que tu t’en rendes compte.


Fracture entre la souveraineté étatique et celle du citoyen

Pour reprendre le contrôle, un État doit  outiller ses citoyens  afin qu’ils puissent exercer  leur propre souveraineté numérique  : choisir où vont leurs données, à qui ils font confiance, etc...


En conclusion

La souveraineté dans le cyberespace ne respecte pas les frontières étatiques traditionnelles . C’est un  champ de pouvoir diffus , transnational, et souvent dominé par des intérêts privés. Mais des contre-pouvoirs émergent — citoyens, associations, logiciels libres, initiatives de décentralisation — pour redessiner une souveraineté  plus enracinée dans la volonté populaire  que dans les États-nations eux-mêmes.



Conséquences de confier la gouverne de nos sociétés à des intérêts privés


Érosion de la démocratie

Les entreprises privées ne sont  ni élues  ni  responsables devant les citoyens . Lorsqu'elles influencent ou dictent les politiques publiques :

    • Le  pouvoir populaire est court-circuité .

    • Les décisions sont prises  sans débat public , souvent en coulisses, dans l'opacité.

    • Les  droits fondamentaux  (vie privée, égalité, accès à l'information) deviennent  négociables .

Exemple : Les GAFAM fixent les règles d’expression sur Internet sans que les citoyens puissent réellement les contester.


Privatisation des biens communs

Lorsque les intérêts privés prennent le contrôle :

  • De l’eau, de la santé, de l’éducation, de la culture, de la nature, du numérique…

  • Ce qui était autrefois  un droit  devient  un produit .

  • Et seuls ceux qui peuvent  payer  y accèdent pleinement.

L’information devient une marchandise. Même la santé mentale est exploitée à travers des algorithmes qui maximisent le temps d’écran au détriment du bien-être.


Manipulation des masses

Les entreprises qui détiennent les plateformes numériques contrôlent :

  • Ce que nous voyons.

  • Ce que nous croyons.

  • Ce que nous consommons.
    Elles utilisent l’ exploitation des données personnelles  pour influencer nos décisions —  sans consentement éclairé .

Cela affaiblit notre libre arbitre. Nos choix ne sont plus vraiment les nôtres.


Concentration des richesses et du pouvoir

  • Une poignée de multinationales accumule des fortunes  plus grandes que des États .

  • Elles fixent les règles fiscales (optimisation, évasion).

  • Elles dictent les orientations économiques.

Cela creuse les  inégalités sociales  et rend les États  dépendants  plutôt qu’acteurs.


Paralysie face aux urgences planétaires

Les intérêts privés freinent :

  • La lutte contre le réchauffement climatique.

  • La transition énergétique.

  • La protection de la biodiversité.
    Pourquoi ? Parce que les  solutions systémiques  entravent souvent leurs modèles d’affaires.

Le court-terme du profit sabote le long-terme de la vie.


Aliénation de l’humain

Quand tout devient marchandise, même notre attention, nos émotions et nos relations sont exploitées.

  • Le travail devient précarité.

  • L’éducation devient endettement.

  • La vie devient un service à abonnement.

On nous vend des solutions aux problèmes qu’ils créent eux-mêmes.


En résumé :

Laisser les intérêts privés gouverner nos sociétés, c’est abdiquer notre pouvoir collectif au profit d’une logique de marché qui ne connaît ni éthique, ni gratitude, ni solidarité.