À propos du Code Morin et des réunions de service chez les AA

Dans certains milieux, les assemblées sont régies par le Code Morin, un ensemble de règles de procédure utilisé pour encadrer les débats de façon structurée et équitable. Ce code est bien connu au Québec, notamment dans les syndicats, les conseils municipaux et les organismes communautaires.

Cependant, les Alcooliques Anonymes n’ont jamais adopté officiellement le Code Morin, ni aucune autre méthode procédurale rigide. Notre Mouvement s’inspire plutôt d’un esprit de service guidé par les Douze Traditions et les Douze Concepts, lesquels privilégient la conscience de groupe, le respect mutuel et la recherche d’unité spirituelle.

Comme le souligne le Manuel de service des AA, la Conférence suit parfois les Robert’s Rules of Order (l’équivalent américain du Code Morin), mais elle le fait « de manière aussi informelle que possible ». Le rôle du président ou du modérateur n’est pas d’imposer des règles complexes, mais de favoriser la participation de tous et l’émergence d’une conscience collective éclairée.

Autrement dit, les AA privilégient la simplicité, l’écoute et la bienveillance plutôt que les procédures parlementaires sophistiquées. Bien sûr, nous pouvons nous inspirer de certaines bonnes pratiques (comme lever la main, attendre son tour de parole, etc.), mais sans jamais perdre de vue notre but premier : transmettre le message et soutenir nos groupes dans la sérénité.



Est-ce que le code Morin convient aux AA ?

Le Code Morin, largement utilisé au Québec pour encadrer les assemblées délibérantes, n’est pas officiellement adopté ni recommandé dans les AA, et il n’est pas pleinement compatible avec les principes de fonctionnement d’AA, pour plusieurs raisons fondamentales :


Les AA ne fonctionnent pas comme un parlement 

AA n’a pas de structure formelle de gouvernance et évite tout formalisme excessif. Le Manuel du service des AA stipule que même si la Conférence suit en général les Robert’s Rules of Order (équivalent américain du Code Morin), elle le fait « de manière aussi informelle que possible » et avec des adaptations à l’esprit des Traditions.


L’esprit des Traditions prime sur le formalisme 

Les Traditions 2, 9 et 12 rappellent que :

  • L’autorité vient de la conscience de groupe inspirée d’un Dieu d’amour (non de règlements).

  • Aucune structure formelle ne doit gouverner.

  • Le principe doit toujours l’emporter sur la personnalité.

L’application stricte du Code Morin pourrait aller à l’encontre de cette culture, en introduisant des dynamiques de pouvoir, de joute verbale ou de technicité procédurale.


Les lignes de conduite du District 16 précisent 

Les procédures sont élaborées localement pour favoriser :

  • la parole de chacun,

  • la prise en compte de l’opinion minoritaire (5e Concept),

  • et l’émergence de la conscience collective.

Ces règles évitent l’usage de procédures complexes comme les amendements multiples, les ordres de priorité, les points d’ordre, etc., typiques du Code Morin.


Conclusion

Le Code Morin peut inspirer certaines bonnes pratiques de délibération, mais son application formelle est inadaptée au mode de fonctionnement des AA. Le District ou les groupes peuvent plutôt s’appuyer sur leurs propres lignes de conduite, appuyées sur le Manuel du service et les Douze Traditions.



Quand je formule une proposition, on demande à une autre personne d'être proposeur et une autre de seconder.  Il me semble y avoir un os là-dedans. Ne trouves-tu pas ?